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Dans le monde du design graphique, rares sont les figures aussi influentes que Josef Müller-Brockmann. Graphiste, enseignant, théoricien du design, il est l’un des pionniers du style typographique international, plus connu sous le nom de design suisse. Son œuvre et sa réflexion sur la grille, la typographie et la composition restent aujourd’hui des piliers fondamentaux pour toute personne qui souhaite maîtriser l’art de la mise en page.
Josef Müller-Brockmann (1914–1996) est l’une des figures fondatrices du design graphique moderne. Né à Rapperswil, en Suisse, il a profondément influencé la manière dont on conçoit l’information visuelle au XXe siècle, en particulier grâce à son rôle majeur dans le développement du style typographique international, aussi connu sous le nom de design suisse.
Formé à Zurich en architecture, arts graphiques et design, Müller-Brockmann fonde son propre studio en 1936. Il se spécialise dans la conception d’affiches culturelles, de publications institutionnelles, et surtout dans la rationalisation de la communication visuelle.
Plutôt que de chercher la décoration ou l’effet, il mise sur la lisibilité, l’ordre et la neutralité. Pour lui, le design est avant tout un outil de communication au service du public. Sa méthode repose sur une utilisation systématique de grilles de mise en page, sur le choix rigoureux de typographies sans empattement et sur une composition équilibrée.
Parmi ses contributions les plus marquantes figure la création de l’identité visuelle des Chemins de fer fédéraux suisses (CFF). Ce travail, réalisé dans les années 1980, a profondément modernisé l’image du transport ferroviaire suisse.
Le logo des CFF, avec sa double flèche blanche inversée sur fond rouge, est devenu l’un des symboles les plus reconnaissables du paysage helvétique. Ce logo exprime à la fois la direction, la vitesse et la précision — autant de qualités associées au rail suisse — tout en respectant une extrême simplicité graphique.
Mais Müller-Brockmann ne s’est pas arrêté à un simple logo. Il a également contribué à la création d’un système de signalétique cohérent dans les gares, basé sur une grille rigoureuse, l’usage d’Helvetica, et une hiérarchisation très claire des informations. Ce système permet aux voyageurs de s’orienter facilement, même dans un environnement complexe.
C’est un exemple parfait de design fonctionnel, au service du public.
“Un bon design est compréhensible, invisible et utile. Il ne devrait jamais compliquer l’expérience de l’utilisateur.”
En 1961, Josef Müller-Brockmann publie son ouvrage majeur :
🎓 Grid Systems in Graphic Design
Ce livre est toujours considéré comme une bible de la mise en page. Il y développe sa vision du design comme discipline rigoureuse, fondée sur des systèmes modulaires et des règles précises.
Pédagogue reconnu, il a formé de nombreux designers à la Kunstgewerbeschule de Zurich, et influencé durablement le graphisme européen et international.
Son style est reconnaissable entre tous : compositions asymétriques, typographie neutre, espace blanc maîtrisé, et surtout une grille invisible qui organise chaque élément avec logique.
Aujourd’hui encore, son influence est palpable dans le design éditorial, la communication visuelle, le web design et même l’UI/UX.
Le design graphique suisse, également appelé style typographique international, a émergé dans les années 1950 en Suisse et en Allemagne. Il se caractérise par une esthétique sobre, rationnelle et fonctionnelle, en rupture avec les styles décoratifs plus chaotiques qui dominaient auparavant.
L’après-guerre a vu naître un besoin urgent de structure, de clarté et de neutralité. Le design suisse a répondu à cette attente avec des compositions épurées, une grille rigoureuse, des polices sans empattement comme Helvetica ou Univers, et une utilisation méthodique de la photographie et de l’espace blanc.
Inspiré par le Bauhaus allemand et le constructivisme russe, le design suisse est profondément enraciné dans une approche scientifique du graphisme : chaque élément est là pour une raison, chaque choix est justifié par une fonction.
Si le design suisse devait avoir un symbole, ce serait sans aucun doute la grille de mise en page. Josef Müller-Brockmann en a fait son cheval de bataille et l’a théorisée dans son ouvrage devenu culte, Grid Systems in Graphic Design (1961). Pour lui, la grille est un système rationnel permettant d’organiser les contenus avec cohérence et lisibilité.
« La grille rend le travail du designer plus structuré et plus lisible. Elle permet la clarté dans la communication. »
— Josef Müller-Brockmann
La grille ne contraint pas la créativité, elle l’oriente. Elle structure la page en colonnes, lignes, marges et espaces intercalaires, assurant un équilibre visuel et une hiérarchie claire entre les différents éléments graphiques.
Au-delà de la grille, une mise en page efficace repose sur plusieurs éléments clés que Müller-Brockmann et ses contemporains ont contribué à définir :
Il s’agit de guider le regard du lecteur à travers le contenu. Cela passe par :
L’utilisation de tailles de police différentes pour structurer les niveaux d’information
Des variations de graisses (light, bold)
Une attention particulière à l’alignement et à l’espacement
Une bonne hiérarchie permet de lire sans effort, même sans titre accrocheur.
Dans la tradition suisse, les polices sans empattement dominent : Helvetica, conçue par Max Miedinger en 1957, ou Univers, développée par Adrian Frutiger, incarnent cette quête de neutralité, de lisibilité et de simplicité.
Le choix de la typographie ne doit jamais être laissé au hasard : il influence la perception du message et reflète la personnalité de la marque ou du contenu.
Elle assure la cohérence d’ensemble, l’alignement précis des textes et images, et la stabilité visuelle. Une page bien structurée communique immédiatement un sentiment de professionnalisme.
C’est aussi un excellent outil pédagogique pour les apprenants en design : comprendre la grille, c’est apprendre à penser “espace”, “ordre” et “intention”.
Le design suisse privilégie des palettes restreintes et contrastées, avec une attention particulière portée à :
L’usage du noir et blanc
Des touches de couleurs vives pour attirer l’attention
Des contrastes forts pour améliorer la lisibilité
Une bonne gestion des couleurs guide l’œil sans distraire du message principal.
Ce qu’on n’ajoute pas est parfois plus important que ce qu’on affiche. L’espace blanc (ou “espace négatif”) :
Donne de la respiration à la composition
Hiérarchise naturellement l’information
Met en valeur les éléments clés
Dans la tradition du design suisse, le vide n’est jamais du vide : il est conçu, pensé, utile.
Pourquoi, en 2025, parle-t-on encore de Müller-Brockmann et du design suisse ? Parce que leur héritage est partout. Dans les systèmes de navigation des métros, les interfaces numériques, les identités visuelles des plus grandes marques… Le style suisse a traversé les décennies parce qu’il repose sur des fondamentaux universels : la clarté, la lisibilité, l’ordre et la fonction.
Chez Cadschool, nous enseignons ces principes aux futurs graphistes, designers UI/UX et professionnels de la communication visuelle. Car comprendre l’histoire et les outils du design suisse, c’est se donner les moyens de créer des visuels à la fois beaux, utiles et durables.
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